avec le soutien institutionnel du laboratoire Mayoly

 

Etude de phase III randomisée d’une chimiothérapie d’induction suivie d’une radiochimiothérapie ou chimiothérapie seule chez les patients atteints d’un cancer du pancréas localement évolué, non opérable : résultats de l’étude CONKO-007

 

Auteurs : Robert Grützmann, Michael Ghadimi, Helmut Oettle, Rainer Fietkau, Evangelisches Krankenhaus Königin, Elisabeth Herzberge,

Problématique : La chimiothérapie par mFOLFIRINOX est le traitement standard des patients atteints d’un cancer du pancréas localement avancé, non métastatique avec une médiane de survie autour de 24 mois. L’étude LAP07 avait montré que la radiochimiothérapie permettait un meilleur contrôle local et une période sans traitement plus longue.

But : L’étude randomisée multicentrique CONKO-007 débutée en 2013 évaluait l’efficacité d’une radiochimiothérapie après chimiothérapie d’induction sur la résécabilité.

Méthodes : Il s’agit d’une étude de phase III randomisée. Les patients avec une maladie en réponse ou stable après chimiothérapie d’induction (gemcitabine ou FOLFIRINOX) étaient randomisés en deux groupes : poursuite du même schéma de chimiothérapie ou radiochimiothérapie concomitante (gemcitabine et irradiation de 50 gy). Le critère de jugement principal était le taux de résection R0 avec une marge de résection circonférentielle (CRM) négative (supérieure à 1mm).

Résultats : Au total 336 patients ont été randomisés entre 2013 et 2021, 167 patients dans le groupe chimiothérapie seule (CT) et 169 dans le groupe radiochimiothérapie (RTCT). Il n’y avait pas de différence sur la survie globale entre les 2 bras de traitement (p=0,57) (Figure 1). La toxicité hématologique s’élevait à 73% de toxicité de grade 3 et 4 dans le groupe RTCT contre 39% dans le groupe CT. Soixante patients ont été opérés dans chacun des 2 groupes. La survie globale était significativement augmentée chez les 122 patients opérés, de 19 versus 13 mois chez les patients non opérés (p < 0,001). Parmi eux, les patients qui avaient une CRM négative (44/122) avaient la meilleure survie, de 33 mois (p=0,007). Les patients opérés en R0 mais avec une CRM positive ont une survie proche des patients non opérés. Les auteurs n’ont pas mis en évidence de différence concernant le taux de complications post-opératoires entre les 2 groupes de traitement. Le taux de récidive locale à 5 ans était diminué dans le groupe RTCT de 42% par rapport au groupe CT de 65% p < 0,001). Il n’y avait pas de différence sur l’évolution métastatique ni la survie globale.

Conclusion et commentaires :  Il n’y a pas de différence significative concernant la proportion de patients opérés dans les 2 groupes. D’autre part, les résultats concernant le taux de patients opérés en R0 et avec une marge circonférentielle négative, selon le type de traitement réalisé, n’ont pas été présentés. Cependant, le critère de CRM négative semble être un bon marqueur pour évaluer le caractère complet d’une résection car il est directement corrélé à une augmentation de la survie globale. La radiochimiothérapie diminue le risque de récidive locale après chirurgie mais ne diminue ni le risque de récidive à distance ni la survie globale et augmente la toxicité hématologique. Pour conclure, à l’instar des résultats de l’étude LAP07, la radiochiomiothérapie après chimiothérapie d’induction chez les patients avec un cancer du pancréas localement évolué a surtout un avantage à visée de « clôture », pour permettre aux patients une période de temps sans traitement, et ne permet pas d’augmenter le taux de résécabilité.

 

Intérêt pour le malade : 3/5

Applicabilité en pratique de routine : 3/5

Figure 1 : Courbe de survie globale selon réalisation d’un traitement par chimiothérapie (courbe bleu clair) ou par radio-chimiothérapie (courbe bleu foncé).

 

 

Par Christelle d’Engremont